Laurine est une jeune femme atteinte d’alopĂ©cie universalis (comme Anne d’Alopecia Girl Boss). Son parcours est trĂšs intĂ©ressant.
Elle exerce actuellement deux mĂ©tiers : celui de guide touristique d’une part et celui de comĂ©dienne d’autre part. Son premier mĂ©tier l’amĂšne Ă ĂȘtre au contact du public en permanence. Son second mĂ©tier est un mĂ©tier d’image.
Il est trĂšs intĂ©ressant de constater comment l’alopĂ©cie a influencĂ© toute sa vie dĂ©s le plus jeune Ăąge. Elle a cependant su transformer ce qui est apparu au dĂ©but comme une faiblesse. Au fil du temps elle a rĂ©ussi Ă apprivoiser son image de femme pour lui donner une autre dimension, celle qu’elle avait choisi.
Aujourd’hui bien au delĂ de la rĂ©silience, Laurine nous dĂ©montre que la beautĂ© n’est pas unique mais plurielle. On peut ĂȘtre une femme forte de bien des façons quelque soit son physique. Elle n’en est pas moins magnifique. L’image qu’elle donne est celle d’une femme forte, dĂ©cidĂ©e qui souhaite faire bouger les codes Ă©tablis non seulement de la beautĂ© standardisĂ©e mais aussi de la misogynie qui y encore trop souvent associĂ©e.
Le Grand Oral de Laurine sur sa féminité non standardisée !
Son histoire je l’ai dĂ©couverte Ă travers une intervention tĂ©lĂ©visuelle pour le Grand Oral sur France 2. On y perçoit non pas de la fragilitĂ© mais au contraire une force et une femme dĂ©cidĂ©e prĂȘte Ă entreprendre. L’alopĂ©cie comme beaucoup de femmes atteintes l’a peut ĂȘtre fait souffrir dans un premier temps mais l’a rendue plus forte par la suite. C’est aujourd’hui un bel exemple que je souhaitais partager avec vous Ă travers son tĂ©moignage. Je vous propose tout d’abord de regarder son grand oral :
L’histoire de Laurine comĂ©dienne avec l’AlopĂ©cie universalis
Quand jâavais environ 6 ans, jâai vĂ©cu une premiĂšre chute de cheveux. En lâespace de quelques semaines jâai perdu lâintĂ©gralitĂ© de mon systĂšme pileux (cheveux, cils, sourcilsâŠ). Mes parents, complĂštement paniquĂ©s mâont emmenĂ©e de rdv en rdv sans savoir ce que câĂ©tait et si câĂ©tait grave ou non. Cette maladie nâĂ©tant pas tant connue que ça dans les annĂ©es 90, il a fallu un petit moment avant quâon pose un diagnostic et que la solution prise soit celle de me faire suivre pendant plus dâun an par un pĂ©dopsychiatre.
La mémoire génétique cause de mon alopécie universalis
A dĂ©faut d’arriver Ă trouver lâĂ©lĂ©ment qui aurait pu dĂ©clencher mon alopĂ©cie, la pĂ©dopsychiatre sâest tournĂ©e vers mes parents et effectivement, un Ă©vĂšnement dans lâenfance de ma mĂšre aurait refait surface dans ma propre vie, câest ce quâon appelle la mĂ©moire gĂ©nĂ©tique. Une fois passĂ©e cette dĂ©couverte, lâintĂ©gralitĂ© de mes cheveux ainsi que le reste des mes poils ont repoussĂ©. Et de mes 7 ou 8 ans jusquâĂ mon entrĂ©e au lycĂ©e, la maladie ne sâest plus manifestĂ©e. Sauf quâelle a tout de mĂȘme laissĂ© des sĂ©quelles chez moi et jâavais tellement mal vĂ©cu cette pĂ©riode quand jâĂ©tais petite que je mâĂ©tais persuadĂ©e quâen cas de rechute je ne survivrai pas.

Et câest ce qui sâest produit⊠. En seconde, jâai recommencĂ© Ă perdre mes cheveux mais par plaque cette fois. Puis au fur et Ă mesure des mois et des annĂ©es, les plaques sâagrandissaient, sâĂ©tendaient, jusquâĂ lâhiver 2015/2016, lorsque jâai signĂ© mon premier contrat de travail oĂč une nouvelle rechute totale sâest enclenchĂ©e.
A ce moment lĂ jâai complĂštement perdu pied. Jâai enchaĂźnĂ© les traitements, les hospitalisations Ă lâhĂŽpital Saint Louis, et tout ce quâil Ă©tait possible de faire pour sauver mes cheveux. Malheureusement ça nâa pas suffit et lâĂ©tĂ© suivant jâen suis arrivĂ©e Ă me raser le crĂąne et Ă porter des perruques.
Quand je me suis retrouvĂ©e avec mes cheveux dans les mains, la tĂȘte nue, je me suis donnĂ© deux options :
- Mâeffondrer complĂštement OU
- Mettre mes cheveux Ă la poubelle et avancer.
Devenue comĂ©dienne pour vaincre le fatalisme de l’alopĂ©cie dans un milieu pourtant dĂ©jĂ difficile pour les femmes
Jâai optĂ© pour la seconde option et Ă partir de ce moment lĂ jâai toujours essayĂ© dâen faire quelque chose de positif. Par exemple dans le milieu artistique. Laurine est dĂ©sormais comĂ©dienne de mĂ©tier.
Comme jâai toujours Ă©tĂ© passionnĂ©e par le théùtre, jâen ai fait mon mĂ©tier en devenant comĂ©dienne. Mon profil « atypique » me permet dâavoir accĂšs Ă des rĂŽles que personne dâautre ne pourrait  avoir et me permet de prĂ©tendre Ă plein de rĂŽles diffĂ©rents grĂące aux perruques que je porte car je peux ĂȘtre brune ou blonde, avoir le cheveux longs ou courts ⊠.
Mais malgrĂ© tout, ça reste un combat permanent car en tant quâactrice chauve, on me propose surtout de jouer des malades du cancer. LâidĂ©e quâune femme puisse simplement ne pas avoir de cheveux, que ce soit dans notre sociĂ©tĂ© ou dans le milieu du cinĂ©ma, ça nâexiste pas …
Et le plus frustrant câest que jâai toujours eu Ă©normĂ©ment de retours positifs de la part de directeurs de casting, de rĂ©alisateurs.ices sur mon physique mais aussi les possibilitĂ©s qui sâoffrent Ă eux avec un profil comme le mien. Sauf que ça sâarrĂȘte lĂ en gĂ©nĂ©ral.
Le cinĂ©ma est un milieu malheureusement toujours trĂšs masculin, et les rĂŽles pour femmes sont peu nombreux donc pour une femme chauve câest encore pire !
Jâai quand mĂȘme bon espoir que ça Ă©volue et que les physiques atypiques prennent plus de place dans les mĂ©tiers dâimage comme ça commence Ă ĂȘtre le cas.
Avoir confiance en soi est la clé pour accepter son alopécie !
Je rĂ©sume mon parcours en quelques lignes mais je ne suis pas arrivĂ©e Ă me montrer sans ma perruque devant des milliers de personnes du jour au lendemainâŠ
Cela mâa pris beaucoup de temps de me reconstruire avec cette nouvelle identitĂ©, de retrouver ma fĂ©minitĂ© lĂ -dedans.
Et le théùtre a Ă©tĂ© une vĂ©ritable thĂ©rapie, car sur scĂšne ou face Ă une camĂ©ra on est obligĂ©e dâavoir un minimum confiance en soi et dâassumer qui l’on est. Jâai pu grĂące à ça, me reconnecter avec mes Ă©motions, mon corps, laisser mes partenaires de jeu sâapprocher de moi⊠.
Et le plus dingue, câest quâĂ force de travailler des scĂšnes avec et sans perruque, les retours des autres comĂ©diens, coachs.. ont Ă©tĂ© unanimes : je dĂ©gage plus de puissance et de prĂ©sence sans cheveux alors quâavec je me cache un peu derriĂšre et mâefface.
Et effectivement, la perruque mâa toujours servi de bouclier, de protection face au monde extĂ©rieur et potentielles agressions. Comme quoi, on ne rĂ©alise pas forcĂ©ment les choses incroyables que lâon peut Ă©maner puisquâon se focalise souvent sur ce que lâon a perdu au lieu de voir ce que lâon a gagnĂ©.
Transmettre un message d’espoir : De la souffrance nait la force !
Câest pour ça que je saisis chaque opportunitĂ© qui mâest donnĂ©e pour transmettre un message positif et plein dâespoir malgrĂ© l’alopĂ©cie universalis. Jâai connu la descente aux enfers pendant ma rechute et jâai touchĂ© le fond mais en choisissant de remonter, jâai rencontrĂ© des gens exceptionnels qui sont devenus des modĂšles pour moi, jâai pu faire avancer ma carriĂšre dâactrice en obtenant des rĂŽles que je nâaurais jamais eu autrement et je me suis dĂ©couverte moi-mĂȘme avec mes forces et mes faiblesses. Bref, lâalopĂ©cie fait partie de qui je suis et je ne le regrette pas !
Retrouvez Laurine sur son compte instagram !