Hasard du calendrier, aujourd’hui est la journée mondiale de la santé mentale. Cela tombe bien car le thème que je vais aborder aujourd’hui concerne la santé mentale. Je ne pensais jamais écrire cet article un jour et pourtant je pense que cela est nécessaire.
C’est quelque chose qui me touche personnellement depuis très longtemps depuis mes 17 ans … j’avoue que je n’en suis pas très fière. J’ai même été honteuse parfois d’avoir ce trouble.
C’est étrange comme on peut avoir honte de tout ce qui a attrait à la santé mentale alors que personne n’aurait honte d’avoir la grippe … Certes on a fait du chemin, parler de santé mentale n’est plus autant tabou et les langues se délient et c’est une bonne chose mais cela ne signifie pas pour autant qu’on soient à l’aise d’en parler.
Je ne le suis toujours pas aujourd’hui clairement mais j’ai créé ce site pour aider des femmes alors cet article en aidera peut être une ou deux…
Alors je suis bien consciente que ce sujet touchera certainement peu de femmes mais si au moins une personne pouvait se sentir moins seule ça sera gagné alors je me lance (non sans mal)
Si j’écris cet article aujourd’hui c’est que j’ai recommencé à avoir ce trouble de façon intense récemment dû au stress. Ça s’est vraiment aggravé donc je me dis que de l’écrire sera peut être une sorte d’exutoire pour moi et m’aidera peut être à arrêter … J’espère juste que vous ne prendrez pas pour une « freak » après m’avoir lue …
Alors tout d’abord il convient de définir ce qu’est la trichotillomanie car sincèrement moi même je pensais que mon trouble ne rentrait pas dans cette catégorie mais en fait si car la définition est assez vaste …
En parlant des causes sous-jacentes des problèmes capillaires, vous vous demandez peut-être comment le stress et l’alopécie sont liés, et quelles solutions existent. C’est un sujet fondamental, car le stress peut aggraver ou déclencher la chute des cheveux, même en l’absence de trichotillomanie
Qu’est-ce que la Trichotillomanie ?
Définition trichotillomanie : C’est un trouble obsessionnel-compulsif qui pousse les individus à arracher, manipuler ou jouer de manière répétitive avec leurs cheveux. Ce comportement, souvent inconscient, peut survenir dans des moments de stress, d’ennui, ou même de concentration intense.
Contrairement à certaines idées reçues, la trichotillomanie ne se limite pas à arracher ou même à manger ses cheveux (un comportement appelé trichophagie). La pathologie inclut une large gamme d’actions : tirer doucement ou brutalement sur les cheveux, les tresser, les détresser ou encore les enrouler autour des doigts, parfois jusqu’à provoquer des zones dégarnies.
Ce trouble touche des millions de personnes dans le monde, mais reste mal compris et souvent stigmatisé. Il est important de le différencier des simples habitudes nerveuses, car la trichotillomanie peut avoir des conséquences graves sur la santé capillaire et psychologique des personnes atteintes. Les individus peuvent se sentir coincés dans un cycle où le besoin de toucher ou d’arracher les cheveux devient irrésistible, souvent associé à des sentiments de honte et d’isolement.
Mon expérience personnelle depuis 24 ans !
Tout a commencé pour moi à l’âge de 17 ans (cela fait donc 24 ans déjà). J’étais au lycée et je venais de vivre une expérience traumatisante. Je ne sais pas trop pourquoi ni comment j’ai commencé, je dirais que c’est venu tout seul instinctivement. J’ai commencé par enrouler de très fines mèches de cheveux afin d’en faire des épis. Plus tard j’en faisais de mini tresse dans ma queue de cheval. Je pouvais faire une quinzaine de tresse en l’espace de 5 minutes c’est assez impressionnant … Je les détressais et je recommençais.
Bien entendu mes camarades de classe avaient tous repérés mon habitude et trouvaient cela vraiment étrange. J’ai eu droit à des moqueries. Un ami m’a demandé si je souhaitais avoir des dreads ? Ce n’était pas du tout mon intention, c’était juste un tic nerveux que j’avais quand j’étais angoissée et le stress ne me quittait quasiment jamais alors je le faisais très souvent … Je le faisais aussi quand je m’ennuyais ou que je me concentrait sur une tache de travail …
Cette manie ou appelée aussi trouble obsessionnel compulsif ne m’a pas aidé dans mes relations sociales. Mon ex petit ami était très énervé par cela ainsi que ma famille. Ils me disaient sans cesse d’arréter que c’était horrible de me voir faire ça mais ça a la conséquence inverse je suis encore plus angoissée et alors je le fais encore plus.
Aujourd’hui cela va et vient en fonction de mes périodes de stress. J’ai aussi remarqué que je le faisais plus lorsque j’avais des extensions. Peut être est ce que c’est parce que je me sentais mieux dans ma peau ou alors parce que j’étais si heureuse d’avoir de beaux cheveux que je ne voulais pas tout gâcher je ne sais pas trop …
Trichotillomanie : Conséquences sur la santé capillaire menant à l’alopécie !
Le souci de ce trouble c’est qu’il peut avoir des conséquences importantes à la fois physiques et psychologiques … Dans mon cas j’ai souffert de plusieurs choses souvent cumulées :
- Mots de tête : dû au fait de tirer sans cesse sur son crâne.
- Courbatures : du fait de rester dans une position non naturelle notamment au bras, à l’épaule
- Mal au cuir chevelu : à force de trop tirer c’est le phénomène de traction
- Cheveux cassés : à force de faire et défaire les nattes ils cassent
- Chute de cheveux : phénomène de traction à force de tirer trop fort.
- Honte personnelle : je suis très gênée quand mes proches me voient et me jugent pour mon habitude étrange.
L’un des effets les plus visibles et dévastateurs de la trichotillomanie est son impact sur la santé capillaire, entraînant souvent des formes d’alopécie. L’arrachage répété des cheveux affaiblit les follicules capillaires et crée des zones dégarnies. À long terme, cela peut conduire à une alopécie permanente, notamment si les follicules sont endommagés au point de ne plus pouvoir produire de cheveux. Beaucoup de personnes atteintes ont souvent des pelades.
D’un point de vue technique, la traction répétée sur les cheveux affecte la racine et la santé du follicule pileux. Chaque follicule possède un cycle de croissance spécifique, mais lorsque les cheveux sont arrachés de manière répétée, le follicule ne parvient plus à entrer correctement dans la phase de croissance (anagène). Cela entraîne des cheveux plus fins et des zones où la repousse devient de plus en plus difficile. Si ce comportement persiste, les follicules peuvent devenir cicatriciels, ce qui signifie qu’ils cessent définitivement de produire des cheveux.
L’alopécie induite par la trichotillomanie peut varier en intensité, des zones de calvitie temporaires à une perte de cheveux plus sévère. Ce phénomène crée souvent un cycle vicieux : plus la personne voit des zones dégarnies, plus elle ressent de l’anxiété, renforçant ainsi l’envie de manipuler ou d’arracher ses cheveux. Le résultat est une dégradation progressive de la densité capillaire, entraînant des dommages physiques et émotionnels considérables.
Comment rompre le cercle vicieux de la trichotillomanie ?
Astuces pour les personnes atteintes :
Rompre le cercle vicieux de la trichotillomanie nécessite une approche globale. Il est bien entendu conseillé de consulter un psychologique qui essaiera de comprendre l’origine du stress qui déclenche les crises. Si la source des angoisses n’existe plus alors le moyen de compensation n’a plus lieu d’être …
- Plusieurs stratégies comportementales d’évitement peuvent aider les individus à remplacer ce besoin compulsif par d’autres actions qui ne font pas de mal. Par exemple, utiliser des objets comme des balles anti-stress ou des bracelets en silicone à manipuler peut détourner l’attention des cheveux. Personnellement j’ai une stratégie après avoir fait des crises intenses (comme hier par exemple où je me suis couchée en ayant vraiment mal au cuir chevelu et très stressée). Le lendemain je me fais une tresse dés le lendemain matin au réveil pour ne pas avoir accès à mes cheveux détachés. J’essaye aussi de m’occuper un maximum par le travail, le ménage … Quand on s’occupe les mains et l’esprit on est moins tenté.
- Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont également recommandées. Elles visent à identifier les déclencheurs du comportement et à développer des techniques pour y faire face. La gestion du stress est cruciale, car la trichotillomanie est souvent exacerbée par des périodes de tension. La méditation, la relaxation et des activités physiques régulières peuvent aider à réduire ces épisodes. Je sais que dans mon cas la marche m’aide bien …
- En parallèle, il est important de prendre soin des cheveux endommagés. Des traitements topiques, tels que des lotions stimulantes pour le cuir chevelu ou des sérums favorisant la croissance, peuvent aider à améliorer la repousse. Cependant, il est essentiel d’être réaliste : la récupération capillaire prend du temps, et les dommages à long terme peuvent nécessiter des soins dermatologiques spécialisés.
Conseils pour l’entourage :
Le soutien de l’entourage est un facteur clé pour les personnes souffrant de trichotillomanie. Il est important d’éviter la culpabilisation ou les reproches, car ces réactions peuvent aggraver l’anxiété et accentuer le comportement compulsif. Au lieu de cela, l’entourage peut jouer un rôle essentiel en aidant la personne.
Comprendre la nature du trouble permet également d’adopter une attitude bienveillante. Créer un environnement apaisant, qui réduit les sources de stress, peut contribuer à atténuer les compulsions. Par ailleurs, rejoindre des groupes de soutien ou participer à des séances familiales de thérapie peut également être une démarche bénéfique pour aider la personne atteinte à rompre le cycle.
Personnellement je déconseillerais fortement aux proches de demander à la personne d’arrêter surtout lorsqu’elle est en crise, cela va la culpabiliser encore plus et du coup l’angoisser davantage ce qui créera un beau cercle vicieux. Je vous conseillerais au contraire de lui changer les idées en lui demandant de participer à une activité impliquant ses mains. Cela peut être aussi simple que d’aller chercher un objet qui n’est pas proche … Essayez de l’apaiser mais ne lui parler surtout pas de son trouble vous ne ferez qu’aggraver les choses ! Prenez ce trouble comme le baromètre de son état mental. Si elle commence à toucher ses cheveux c’est que ça ne va pas.
Les troubles comorbides à la Trichotillomanie : Les autres pathologies associées
Lorsque la trichotillomanie intervient il faut être attentif car il est assez souvent observé en parallèle d’un trouble plus important qu’il convient de connaitre et de traiter avec l’aide du professionnel de santé mentale :
Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) : Les personnes atteintes de TDAH peuvent présenter des comportements impulsifs et des difficultés à gérer leur attention, ce qui peut contribuer au développement de la trichotillomanie. La manipulation des cheveux peut devenir une manière pour ces personnes de canaliser leur hyperactivité ou leur nervosité.
- Troubles anxieux : L’anxiété généralisée, le trouble panique ou l’anxiété sociale sont fréquemment associés à la trichotillomanie. Le fait de manipuler ou d’arracher les cheveux peut être une forme d’auto-apaisement pour réduire les niveaux d’anxiété.
- Dépression : Il n’est pas rare que les personnes atteintes de trichotillomanie souffrent également de dépression. Le stress lié à la perte de cheveux et la stigmatisation sociale peuvent contribuer à des sentiments de tristesse, d’impuissance, ou d’isolement.
- Troubles du comportement alimentaire : Les comportements compulsifs, comme ceux observés dans la trichotillomanie, peuvent également être retrouvés dans les troubles du comportement alimentaire tels que la boulimie ou l’anorexie.
- Troubles du contrôle des impulsions : En plus du TOC, la trichotillomanie est également considérée comme un trouble du contrôle des impulsions. D’autres troubles de ce type incluent le jeu pathologique ou la kleptomanie.
Ces comorbidités montrent que la trichotillomanie est un trouble complexe, souvent lié à des aspects psychologiques et émotionnels plus larges. Cela souligne l’importance d’un traitement global, qui prend en compte l’ensemble des troubles associés.
Ressources complémentaires sur la trichotillomanie
Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous propose deux ressources que je trouve très pertinentes :
- Un livre complet pour arrêter de s’arracher les cheveux et soigner la trichotillomanie.
- Ou, plus récent, un petit manuel pour comprendre et traiter la trichotillomanie sous forme de questions/réponses.
Ces deux ouvrages vous aideront peut être à mieux comprendre la trichotillomanie.