C’est un petit évènement qui secoue la sphère politique depuis une petite semaine. Une loi contre la discrimination capillaire à l’embauche a été proposée à l’assemblée nationale.
Cette loi est jugée utile par certains et ridicule par d’autres. Elle a pourtant des origines qu’il convient d’étudier pout mieux comprendre la situation. La loi en vigueur comporte déjà 26 motifs de discrimination dont l’apparence physique.
Bien entendu il existe encore de nombreuses entreprises qui discriminent à l’embauche. Il est cependant difficile de prouver que le candidat a été discriminé et encore plus pour quelle raison. En effet le recruteur peut invoquer n’importe quelle raison pour ne pas recruter la personne. Les critères de recrutement peuvent être tout à fait subjectifs.
Il est aussi important de rappeler que tout être humain a des opinions et en conséquent jugera plus ou moins consciemment son interlocuteur. En conséquent il pourra parfois favoriser une personne plutôt qu’une autre souvent inconsciemment.
Il est toutefois vital que des lois existent afin de lutter contre les inégalités. Elles existent encore trop souvent. J’en ai même été témoin à de plusieurs reprises dans ma vie. Si on éduque les recruteurs à une embauche saine, le recrutement sera de plus en plus sain au fil des ans. Cette vision est peut être utopique mais elle a le mérite de faire avancer les choses.
Tout d’abord voici les 26 critères de discrimination établis par la loi :
- L’apparence physique
- L’âge
- L’état de santé
- L’appartenance ou non à une prétendue race
- L’appartenance ou non à une nation
- Le sexe
- L’identité de genre
- L’orientation sexuelle
- La grossesse
- Le handicap
- L’origine
- La religion
- La domiciliation bancaire
- Les opinions politiques
- Les opinions philosophiques
- La situation de famille
- Les caractéristiques génétiques
- Les mœurs
- Le patronyme
- Les activités syndicales
- Le lieu de résidence
- L’appartenance ou non à une ethnie
- La perte d’autonomie
- La capacité à s’exprimer dans une langue étrangère
- La vulnérabilité résultant de sa situation économique
Septembre : Mois international de la sensibilisation à l’alopécie
Loi Contre la Discrimination Capillaire : Vers une Nouvelle Législation en France
Une proposition de loi visant à combattre les discriminations liées aux cheveux sera examinée en commission à l’Assemblée nationale avant la fin du mois. Déposée en septembre dernier par le député de Guadeloupe, Olivier Serva, cette proposition cherche à reconnaître et sanctionner les discriminations capillaires, considérant que la France est en retard sur ce sujet par rapport aux États-Unis.
Le CROWN Act (Creating a Respectful and Open World for Natural Hair Act) a été adopté dans différents États des États-Unis à partir de 2019, avec une adoption continue dans d’autres États au fil des années suivantes. Le moment précis de son adoption varie selon l’État.
La proposition vise à étendre les protections légales actuelles contre les discriminations basées sur l’apparence physique pour inclure spécifiquement des éléments tels que la coupe, la couleur, la longueur ou la texture des cheveux. Elle souligne également les risques pour la santé associés à certaines pratiques capillaires et les impacts économiques qui en découlent. En dépit des défis pour les victimes de fournir des preuves tangibles de discrimination, le député propose des méthodes de contrôle basées sur des tests statistiques, bien que le processus de poursuite puisse être économiquement et énergiquement lourd pour les personnes concernées.
Histoires de discriminations !
J’ai pu observer à deux reprises des discriminations à l’embauche lors de ma vie. Cela ne m’est pas arrivé personnellement (ou tout du moins je n’en ai pas été consciente) mais j’en ai été témoin.
Discrimination apparence physique :
La première histoire se situe lors de mon concours pour mon entrée en grande école. Il y avait eu un examen écrit. Celui ci était couplé à un entretien oral. Nous attendions tous dans le couloir et nous avons pu nous parler entre nous. Il y avait un jeune homme en particulier, il avait eu 18 à l’examen écrit. Ce jeune homme avait eu son baccalauréat avec mention très bien. Il s’exprimait avec éloquence, une très belle diction, modestie. J’étais sure qu’il serait pris. Il avait toutes les qualités requises pour le cycle en communication marketing pour lequel il se présentait.
J’ai appris par la suite qu’il n’avait pas été pris car il avait un physique disgracieux. Le jury a jugé qu’il lui rendait service car (selon eux) dans la communication il faut avoir un physique agréable pour réussir. Ce jeune homme a été discriminé à cause de son apparence physique.
Discrimination couleur de peau :
La deuxième histoire se situe toujours pendant mes études mais dans le milieu du travail. J’étais alors secrétaire dans un grand cabinet d’avocats parisien. Le cabinet avait fait appel à une agence pour son secrétariat afin d’avoir en permanence une personne en poste au secrétariat. Au moment de prendre mes vacances on m’a demandé de former une jeune femme à mon poste. Cette jeune femme était charmante, agréable avec une grande capacité d’adaptation. Elle a retenu très rapidement les tâches et était très à l’aise autant en français qu’en anglais.
A la pause, j’ai regardé mon téléphone, j’avais eu 20 appels en absence de mon agence. J’ai donc naturellement rappelé. Ils m’ont demandé paniqué comment était les cheveux de la jeune femme. Ils étaient courts mais la coiffure était impeccable. Le cabinet d’avocats les avait appelé 5 fois et avait laissé des messages écrits et vocaux invoquant une coiffure inacceptable en inadéquation avec le poste. La vérité était très simple, cette jeune femme était noire et le cabinet d’avocat (ou tout du moins ses dirigeants) était raciste. La jeune femme a du quitter son poste immédiatement. Evidemment l’agence a invoqué une excuse pour ne pas la blesser. Elle a a discriminé pour sa race.
NB : je ne nommerais ni le nom de mon école ni du cabinet d’avocats pour des raisons évidentes.
Loi contre la discrimination capillaire : Une démarche démagogue ou vraiment utile pour l’égalité des chances ?
A l’approche du vote de cette loi, de nombreux media ont naturellement donné leur opinion. Si la plupart se sont contentés d’être factuels, ce n’est malheureusement pas le cas de tous … Ainsi le magazine Le Point a publié un article : Une loi sur les cheveux, l’invention de la démagogie capillaire. Le contenu de l’article est très court. Il se contente de se moquer. Ironiquement il est d’ailleurs écrit par un journaliste à la calvitie bien présente dont la photo est apposée en bonne place à coté de l’article.
Alors il est juste de se demander si cette loi est légitime et importante. Prenons alors 2 exemples éloquents :
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- Michelle Obama s’est interdit de porter ses cheveux tressés lorsqu’elle était à la Maison-Blanche Elle était pourtant très estimée et reconnue. Elle pensait toutefois que ses cheveux seraient mal perçus au naturel. Est ce que ses cheveux devraient impacter l’image que ses citoyens ont d’elle ?
- Édouard Philippe rassure sur son état de santé dans « Sept à huit » L’ancien premier ministre a du se justifier sur son alopécie. La journaliste lui a demandé si cela affectait sa capacité à tenir ses fonctions au gouvernement. Il a du répondre que cela ne l’handicapait aucunement intellectuellement. Etait il vraiment utile de le préciser ?
Édouard Philippe (@EPhilippe_LH): L’alopécie « ne m’empêche pas d’être extrêmement ambitieux pour mon pays » pic.twitter.com/ba6Gg5ortB
— BFMTV (@BFMTV) February 2, 2023
Ces exemples montrent malheureusement que le jugement se fait encore beaucoup dans le milieu du travail. Alors est ce que le fait de perdre ses cheveux, d’en avoir trop ou pas assez empêche d’être performant et efficace à son travail ? La réponse est bien entendu négative mais tant que des personnes auront des doutes il sera utile de légiférer … La loi contre la discrimination capillaire est donc bien utile pour ceux qui en souffrent dont les personnes atteintes d’alopécie mais aussi les personnes aux cheveux crépus.
Qu’en pensez vous ? Avez vous déjà été jugée pour vos cheveux ?
MAJ : Ce jeudi 28 mars, en première lecture, l’Assemblée nationale a massivement approuvé la proposition de loi visant « à reconnaître et sanctionner la discrimination capillaire ». Sous l’égide d’Olivier Serva (LIOT), le texte a recueilli 44 voix « pour » et 2 « contre ». Son inscription à l’ordre du jour du Sénat est désormais nécessaire pour poursuivre son cheminement législatif.